La grande aventure qui marque l’histoire de Saint-Boniface a débuté bien avant l’arrivée des exploitants forestiers. Les Amérindiens et, plus tard, les coureurs de bois ont sillonné notre région à la recherche de fourrures et de gibiers.
L’activité forestière
Après eux débute une activité beaucoup plus intense, l’exploitation forestière. Les premiers à utiliser la forêt pour les besoins d’une industrie sont les directeurs des Forges du St-Maurice. Entre 1734 et 1884, quelque 200 personnes s’affairent à couper une moyenne de 10,000 cordes de bois pour les réduire en charbon. Le charbon sert à la fabrication de la fonte produite aux Forges.
Cependant, c’est vers 1825 que s’intensifie l’activité humaine et forestière sur le territoire de la Mauricie et de la future municipalité de Saint-Boniface. De fait, suite au blocus de Napoléon érigé contre la Grande-Bretagne en 1805, la colonie canadienne vend ses plus beaux pins à la Métropole pour la construction navale.
On prépare le terrain…
Rapidement, la coupe de bois amènera dans son sillage les premiers colons. Ceux-ci seront favorisés par l’exploitation forestière puisqu’elle permet un défrichement plus facile de la terre et la rend ainsi plus rapidement cultivable. De plus, les colons qui s’installent à proximité des concessions forestières, peuvent vendre les produits de leur ferme aux travailleurs des chantiers.
Avec l’exploitation de la forêt, un autre élément permet aussi la venue des premiers colons dans la région de Saint-Boniface. En 1846, le Gouvernement abolit le privilège d’exploitation que détenaient depuis de nombreuses années les propriétaires des forges du St-Maurice. Suite à l’abolition de ce monopole, le Gouvernement ordonne, en 1849, l’arpentage de la région, ce qui permet, dès 1852, le prolongement de la route des Forges jusqu’au pied des chutes de Shawinigan, sur le côté de Saint-Boniface. Cette voie terrestre emprunte les anciennes pistes que l’entreprise sidérurgique utilisait pour acheminer la matière première à ses forges.
Les premiers colons
C’est donc dans ce contexte que les premiers résidents du Canton de Shawénégan s’établissent sur ce territoire à peine défriché mais où la terre y est bonne et fertile. C’est le 17 mars 1850 que M. Justin Gélinas de la concession de Bellechasse à Yamachiche flaire la bonne affaire et décide de venir s’établir à Saint-Boniface. C’est le premier habitant de tout le Canton.
Rapidement, d’autres familles viennent rejoindre Monsieur Gélinas et s’établissent sur le territoire. Il s’agit des familles de Solyme Caron, Gabriel Boulanger, Olivier Dugré, Pit Dubé et Jean Beaulieu. Le principal pôle d’attraction pour ces premiers habitants est la construction de la glissoire à billes aux chutes de Shawinigan (1852) et des estacades qui serviront à diriger les billes de bois sur la St-Maurice et dans la glissoire.
La première chapelle
C’est vers 1853 que le diocèse de Trois-Rivières permet l’érection d’une chapelle temporaire. Le choix de cet emplacement est décidé par l’abbé Sirois qui en a reçu l’ordre de Monseigneur Cooke. L’abbé plante donc une croix sur la montagne derrière le village actuel, à l’emplacement de l’actuel réservoir d’eau municipal.
Quelques années plus tard, vers 1855, la paroisse devient de plus en plus peuplée et le diocèse juge bon de construire une église. C’est encore l’abbé Sirois qui est chargé de trouver l’emplacement de la future église. Mais cette fois-ci les choses se gâtent un peu. Le choix de l’emplacement d’une église au Québec est très stratégique parce que tous les habitants sont conscients qu’autour de l’église prend bientôt forme le village, centre administratif et commercial de la communauté rurale. C’est exactement ce qui se passe à Saint-Boniface. Les résidents du 4e Rang et du 6e Rang ne s’accordent pas sur le choix du terrain, chacun le voulant au milieu de son rang.
Ce différent dégénère en un échec et notre bon abbé Sirois retourne chez lui sans avoir accompli sa mission. Qu’à cela ne tienne, Mgr Cooke viendra lui-même, l’année suivant, fixer le précieux emplacement. La première église se construira donc à l’endroit même où se trouve l’église actuelle.
En guise de conclusion
La municipalité a été érigée le 1er juillet 1855, elle portait le nom de Canton de Shawénégan. Toutefois, comme tout village qui se respecte au XIXe siècle, il faut trouver un saint patron à la paroisse. C’est saint Boniface (apôtre germain qui entreprit la difficile réforme de l’Église franque) qui est choisi comme patron; aucune raison ne nous indique le choix de ce saint. Il se justifie possiblement par le laborieux travail de défrichement que les premiers colons devaient effectuer en arrivant sur leur lopin de terre.
La municipalité de Saint-Boniface est fière de son passé et de ses ancêtres. Encore aujourd’hui, l’entraide (motivée par la devise du village « Tout pour le bien, rien pour le mal ») et la convivialité motivent tous ses paroissiens. Cette petite localité est solidement adossée sur les contreforts du Bouclier Canadien et regarde avec un brin d’orgueil la vallée du St Laurent qu’elle domine par sa position géographique.